J'ai rencontré pour vous Mélanie Thirion.

Bonjour à tous, après quelques, deux, trois mois ? de "non-vie" du blog au profit de la mienne :), voici le retour d'interviews toutes plus exceptionnelles les unes que les autres !

Aujourd'hui, c'est Mélanie Thirion que j'ai rencontré pour vous, mais qui est-elle ?

On va dire que Mél, ça fait environ 15 ans que je la connais (oui c'est la grande soeur de ma meilleure amie ...!), et je dois dire que j'ai toujours suivi attentivement ces petits projets artistiques, d'abord en photo puis après ces textes, j'ai donc suivi son "parcours", et elle a bien évolué. Si je devais définir un "style" qui engloberait ses textes et photographies je dirais "onirique voire fantasmagorique". Même si on peut trouver parfois ces textes un peu imperméables (" mais euh ? là je comprends plus rien Mélanie" !), ils n'en restent pas moins comme régit par un certain tempo. Sinon Mélanie a 23 ans, elle est en première année d'étude pour devenir Psychomotricienne ( ça elle vous en parlera mieux que moi), elle vit à Lyon, et adore la glace au nougat !

Sous quel "adjectif nom complément du nom" te définirais tu ?

"Petite hiémation de la dernière pluie" ? Non, sérieusement : "curieuse traductrice des échos", c'est ce que je fais quand j'écris ou je photographie.

Comment définirais tu ton travail ?

Si prétention artistique il y a, elle se situe au niveau de la justesse tonique, la fluidité, la cohérence fond/forme, la recherche d'originalité, enfin plutôt ce qui est à mon origine et ce dont je suis l'origine, quoi. Ce qui est déjà assez ambitieux. Mais je ne m'amuse pas spécialement à réfléchir à tout ça, en gros je raconte ma vie (intérieure), je photographie ce qui me touche et ce que le hasard met sous mes yeux, j'écris ce qui vient et ce que je vais chercher. En prose poétique le plus souvent puisque je trouve ma liberté et mon souffle là-dedans, et que c'est avant tout parce que j'en ai besoin que je le fais.

Y'a t-il des chose que tu t'interdis d'évoquer dans ton travail ?

En photo, clairement : j'ai à peine commencé à explorer le nu alors que ça me tente beaucoup. Je n'ose pas traiter franchement les choses qui me remuent, notamment dans la rue, aussi bien des scènes banales qui me parlent, que la misère ou la violence. De peur d'importuner les gens, de ne pas savoir traduire et rendre de manière juste. Et je ne fais pas de photo de modèle que je ne connais pas. C'est dur ! Tous ces domaines là m'intéressent, je vois des photos un peu partout.
En écriture, la métaphore et les textes à trois niveaux me permettent de dire potentiellement tout ce que je veux.

Ce qui t' influence ?

Mes rêves, ce que je vis, ce que j'observe du monde, mes questions existentielles, mes lectures...
La musique que j'écoute, souvent enveloppante et répétitive.
Pour la photo, je pique les techniques à droite à gauche, et le reste... j'y connais tellement rien que je ne peux pas parler de réelles influences.

Ton instant de création : une heure de prédilection ? un lieu ? des rituels ?

Pas tellement. Vaguement la nuit, je dirais, mais ça n'est plus tout à fait vrai. Généralement devant mon PC pour l'écriture et le post-traitement des photos; pour les prises de vue, je commence à connaître le type d'endroits qui facilitent la venue des idées, c'est ceux que je privilégie. Sinon, j'ai du mal à écrire sans une musique que je choisis en fonction de l'émotion dominante qui doit passer.

Ce qui t'es impossible à écouter, voir, boire, manger … au choix?

Les araignées ? Et pour les quatre, hein : Ecoute, vision, boisson, dégustation, les araignées, hors de question !

S’il ne restait qu’un seul livre dans ta bibliothèque ?

Un recueil de poèmes, sûrement. Peut-être Le Ciel brûle, suivi de Tentative de jalousie de Marina Tsvétaïeva, à cause d'un très beau poème qui m'a mis la claque de ma vie. Mais vu que je prends régulièrement des claques aussi violentes que celle là en matière de littérature... On va dire que c'est à titre indicatif !

Un seul CD dans ta discothèque ?

Si je dis pas "Dark Can Dance", l'album de reprises que Lucas Taïeb (Voui le premier "J'ai rencontré pour vous", INCROYABLE NON ? ndlr)  m'a offert, il va encore faire "Rooooooooh".
Sérieusement... peut-être Spiritchaser de Dead Can Dance, justement. Mais sans leurs autres albums et sans une pléthore d'artistes divers et variés, je meurs.

Une seul DVD (VHS ?) dans DVdthèque (magnétoscope ?)

Je regarde peu de films, et toujours consécutivement à l'invitation de quelqu'un, ainsi j'ai une culture cinématographique misérable qui dépend totalement des goûts et des envies des gens de mon entourage. Donc ... j'ai le droit de prendre un CD ou un bouquin de plus si j'te laisse le DVD ?

Un projet FOU FOU FOU ?

Aller faire des photos en Islande, me faire implanter une sortie USB dans le crâne et un appareil photo sur les rétines tellement ça m'énerve de voir la majeure partie des idées et des images s'échapper, faire que tout-le-monde-il-soit-heureux-dans-le-monde (merci Miss France et Camille de Fleurville de m'avoir soufflé ça), parler à tous les gens à qui je n'ose pas parler, oser leur demander de poser pour moi, tout savoir... zut, c'est vrai, t'avais dit UN projet.

Un projet moins fou, plus proche ?

Avoir mon DE de Psychomotricienne et ma licence de Sciences de la Réadaptation, ce serait plutôt pas mal.

Un dernier mot ?

Comme au début : "hiémation".
C'est beau. Sinon y a "spondylolisthésis" que j'ai appris récemment, que je trouve assez chouette.
Moins tordu, y a "parallèle", aussi. Et "précession des équinoxes" ! Ah oui, t'avais dit UN, c'est vrai.


Pour les photos je commence par un cliché qui représente, la "Tour de la Liberté" monument hautement connu de notre cité déodatienne ( dans les Vosges) pour  vous situer. C'est la couverture du recueil de nouvelle, Les Nouvelles d'en Bas , publié en 2009 (Edition Filosphère), si cela vous intéresse des extraits des Nouvelles, ici : http://nouvellesdenbas.over-blog.fr

 Bordel c'est Noël (2008) Une de mes favorites

La dame au téléphone (2010)

"Aujourd’hui
Le Temps
A écrit
Quelques uns de ses pas
Sur mon papier de neige

Pas de rouge ni de bleu
Dans le vent aquarelle
Qui souligne les congères
Au fond de mes yeux …"

Hiver

Maintenant un extrait du début  du "Gourbi Luxueux"

Tiens c'est la porte de derrière

Tu l'ouvres et puis

Il y a le Gourbi Luxueux qui tombe en morceaux,

Où les filles sont si raffinées que les clients se risquent à prendre un parquet sur le crâne

Quand ils font taper les têtes de lit contre les murs.

On dit que c'est un ancien hôtel particulier

Que les tapis étaient épais autrefois,

Le mobilier discrètement doré

Qu'il y avait des breloques aux chandeliers.

Les filles étaient sublimes uniquement vêtues

De leur chevelure soignée

D'un nuage de poudre de riz

Et d'une goutte d'absinthe derrière les oreilles.
(...)

Et peut-être un peu d'électricité pour faire tourner tout ça

C'est triste, qu'est-ce que c'est triste

Mon Écholalie mécanique

Mon dessinateur en dix lignes

Dire qu'en d'autres temps ou d'autres lieux

On aurait pu me mettre en prison pour mes propos impies et subversifs

Ah tiens, alors

C'est décidé

Mon dessinateur c'est un Pape, un vrai

Un Pape du Punk

Sans crête mais très énervé

Un Pape qui habite une maison close avec la plus belle prostituée du monde

Mais bon, il ne l'a jamais touchée

Il est Pape, quand même

Y a un standing à tenir

Enfin, vous savez...

Bien sûr que vous savez

Que c'est seulement ce qu'on dit.

Illus Gourbi

 Enfin une autre série de cliché que je trouve "représentatifs" du travail de Mélanie

 Il y en aurait tant d'autres à découvrir et des textes aussi, que je ne peux tout publier ici.

Alors vous pouvez la retrouver ici http://cestselon.canalblog.com/
et là  http://reservoirandco.com/

Merci de t'être prêtée au jeu et bonnes fêtes à tous  à bientôt pour de nouvelles Rencontres d'artistes !